Observatoire Géostratégique

numéro 301 / 21 septembre 2020

Avec retard, toutes nos excuses pour les désagréments liés à quelques ajustements techniques ayant affectés les deux dernières livraisons de votre magazine. Nous espérons que tout fonctionne à nouveau afin de pouvoir retrouver notre fluidité hebdomadaire. Bien à vous et bonne lecture.

La rédaction

LA PAIX… QUELLE PAIX ?

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a signé – le 15 septembre dernier à Washington – des accords de « normalisation » avec les Emirats arabes unies (EAU) et Bahreïn. Ces deux pays arabes sont les premiers à reconnaître Israël depuis les traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie, en 1979 et 1994.

Le président américain Donald Trump a affirmé que des Etats arabes supplémentaires suivraient « très bientôt » cet exemple, évoquant même l’Arabie saoudite « le moment venu »… Annonce d’affichage parfaitement fantaisiste, « Riyad n’étant absolument pas sur cette ligne, car confrontée à des problèmes intérieurs très profonds », estiment nos interlocuteurs en Arabie Saoudite ; « une telle décision ne ferait que fragiliser le roi Ben Salmane qui n’arrive déjà pas à finaliser le processus de sa succession en faveur de son fils Mohammad. De leur côté, les pays du Golfe signataires ont dû en profiter pour signer de juteux contrats avec les Etats-Unis, notamment pour des livraisons d’armes. De ce côté-là Riyad est pourvu, et bien pourvu depuis bien longtemps ! ».

Pour sa part, le président palestinien Mahmoud Abbas a soutenu qu’il n’y aura « aucune paix » au Proche-Orient sans la « fin de l’occupation » israélienne des Territoires palestiniens. Moscou a exprimé – officiellement jeudi – une position similaire, rappelant que la résolution du conflit israélo-palestinien demeurait une condition clé pour stabiliser le Moyen-Orient.

« Prenant note des progrès en cours dans la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, nous constatons que le problème palestinien conserve toute sa gravité », a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères, dans un communiqué. « Ce serait une erreur de penser qu’il est possible d’atteindre une stabilisation solide du Moyen-Orient sans la résolution (de ce problème, ndlr) », a poursuivi le ministre, appelant les différents acteurs à des « efforts coordonnés » dans ce sens. « La Russie est prête à ce travail commun » au sein du Quartet (un groupe de médiateurs internationaux composé des États-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et des Nations unies) – et en coopération avec la Ligue arabe », conclut le ministre.

Ce pseudo événement fait suite à l’annonce – par Washington – d’un « plan de paix » pour le Proche-Orient. Selon le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ce plan serait susceptible d’ouvrir la voie à l’annexion de la vallée du Jourdain et des colonies de Cisjordanie. En fait, il a été présenté le 28 janvier dernier, accordant à Israël nombre de concessions, parmi lesquelles la souveraineté sur la vallée du Jourdain.

Ce texte de 80 pages, « le plus détaillé » – jamais mis au point – selon Donald Trump, permettrait de « faire un grand pas vers la paix ». Le président américain s’exprimait depuis la Maison Blanche, en présence du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Prenant la parole après Trump, ce dernier renchérissait en saluant une « journée historique ». Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, avait en revanche immédiatement rejeté ce nouveau plan, tout comme le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

L’un des aspects les plus sensible de ce plan est le feu vert accordé à l’annexion des colonies. Le premier ministre israélien s’est aussi félicité de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté d’Israël sur les colonies dans les territoires palestiniens occupés. Le projet de M. Trump octroierait à Israël la souveraineté sur la vallée du Jourdain, selon M. Nétanyahou, qui a annoncé vouloir demander au gouvernement à Jérusalem d’approuver l’annexion d’une partie de la Cisjordanie.

Israël, se disant prêt à négocier « pendant quatre ans » une solution à deux Etats avec les Palestiniens, pourrait ainsi annexer « sans attendre » ses colonies en Cisjordanie, a confirmé, plus tard, l’ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem, David Friedman. « Israël ne doit pas attendre du tout », a répondu David Friedman à un journaliste lui demandant si l’annexion serait aussi soumise au délai de quatre ans, juste après la présentation du plan de paix de Donald Trump pour le conflit israélo-palestinien.

SOLUTION A « DEUX ETATS »

Dans ce plan, M. Trump a évoqué une solution « réaliste à deux Etats ». « Ma vision présente une occasion gagnant-gagnant pour les deux parties, une solution réaliste à deux Etats qui résout le risque que représente un Etat palestinien pour la sécurité d’Israël », a-t-il dit. Le « futur Etat palestinien » ne verrait le jour que sous plusieurs « conditions », dont « le rejet clair du terrorisme ». Benyamin Nétanyahou s’est également dit prêt à négocier avec les Palestiniens pour leur accorder « un chemin vers un futur Etat », mais a posé comme condition qu’ils reconnaissent Israël comme un « Etat juif ». Un « chemin »…

Richard Labévière

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CONCERT VIRTUEL UE-CHINE : LA SYMPHONIE PATHÉTIQUE !

« Les mots sans les pensées ne vont jamais au ciel » (Hamlet, William Shakespeare). Dans la pratique de l’Union européenne, les mots ont une importance démesurée alors qu’ils servent à masquer tant l’absence de pensée stratégique que de volonté de puissance. Et, c’est bien là tout le drame de l’asymétrie de la relation entre l’Europe et la Chine depuis plusieurs décennies. Il aura fallu l’arrivée sur notre continent d’un virus venu de l’Empire du milieu pour que les yeux commencent à se désiler sur la réalité de ce déséquilibre inquiétant. Il pose la question de l’autonomie stratégique, de l’indépendance et, par voie de conséquence, de la souveraineté économique, sanitaire, sécuritaire, technologique, numérique d’une Union totalement désarmé et démunie face à une Chine plus impérialiste qu’impériale1.

En dépit d’un battage médiatique européen indécent à la veille du sommet bilatéral sur le thème du réveil des naïfs bruxellois, tout change pour que rien ne change tant le président chinois ne craint pas une Union marquée au sceau de la désunion. La croisière de la commission européenne continue de s’amuser comme si de rien n’était. Alléluia ! Europe : il faut en finir avec les coups de com’…

LA PROMESSE D’UN RÉVEIL DES CANDIDE DE BRUXELLES

Le message liminaire était on ne peut plus clair avant le sommet. Le monde avait changé, l’Europe avait changé. L’Union européenne allait mettre la Chine à genoux.

Nous allions voir ce que nous allions voir

La rencontre virtuelle au sommet entre le président Xi Jinping, les duettistes européens (Ursula von der Leyen de la Commission et Charles Michel du Conseil) sous la houlette de la chancelière Merkel (en sa qualité de présidence en exercice de l’Union) du 14 septembre 2020, qui faisait suite à la tournée en Europe du ministre chinois des Affaires étrangères, a amplement démontrée que l’Union était aussi désunie que nue comme un ver face au géant de Pékin. Ce ne sont pas quelques paroles soporifiques – qui font la une de nos quotidiens panurgistes – qui changeront, encore pour un temps indéterminé – la donne d’une Europe passablement déstabilisée par les coups de boutoir de l’un de ses anciens membres, le Royaume-Uni de Boris Johnson2. L’homme n’a que faire des accords conclus avec l’Union3. L’homme que certains experts qualifient « d’idéologue nombriliste »4. Pas plus que le président turc5 qui maintient sa ligne provocatrice dure6. Qu’il s’agisse de la Syrie, de l’Irak, de la Libye, du Yémen… Cette situation présente au moins un avantage. Elle permet à Emmanuel Macron de se refaire une santé7. Le terme n’est peut-être pas le plus adapté pour celui qui a, une nouvelle fois, changé de stratégie dans sa lutte contre la pandémie8.

Une Chine à genoux

Pourtant, tout se présentait sous les meilleurs auspices à en croire les communicants du technopole bruxellois qui nous avaient assuré que les temps avaient changé et que le dictateur chinois allait rapidement en prendre la mesure. Fini le temps de la diplomatie du froc baissé face au rouleau compresseur chinois. Nous allions voir ce que nous allions voir. L’autocrate chinois allait devoir mettre un genou à terre, comprenant que les mouches avaient changé d’âne. L’Union, plus désunie que jamais, allait faire une démonstration de sa puissance et de sa détermination. Pour la première fois, elle allait prononcer le terme grossier auparavant de « réciprocité ». Ne rêvons pas, le mot « sanctions » est encore banni du langage européen ! Que s’est-il passé en réalité durant cet échange virtuel à en croire ce qui nous est rapporté par nos perroquets à carte de presse et autres folliculaires de bas étage qui constituent notre clergé médiatique ?

Une fois de plus, la réalité, la vraie est à cent lieues des déclarations lénifiantes des autorités européennes mais, surtout, des résultats concrets de ce dernier sommet sino-européen au temps du Covid-19.

TOUT CHANGE POUR QUE RIEN NE CHANGE

La réalité fut tout autre. Face à une Chine intransigeante, la mollesse européenne a fait merveille. L’Union est apparue telle qu’en elle-même : divisée et peu crédible.

Une Chine intransigeante

Le président Xi Jinping est un vieux routier qui n’est pas homme à se laisser impressionner pas quelques propos creux prononcés par des dirigeants européens affaiblis. Au haussement de ton de ces derniers, il répond par des haussements d’épaule. Il rit sous cape lorsqu’ils découvrent dans les gazettes européennes que les Vingt-Sept, précédemment aveuglés par les promesses du marché chinois, veulent en finir avec les pratiques déloyales de l’Empire du Milieu et envisagent de s’engager sur la voie de la fermeté9.

Quels sont les résultats concrets de cette énième pantalonnade inutile ? Le seul que nos plénipotentiaires européens sans le moindre pouvoir mettent en avant est l’accord « technique » qu’ils auraient arraché, de haute lutte, des griffes chinoises sur le respect des indications géographiques sur une centaine de produits agricoles (question des appellations d’origine contrôlée). Mais, la conclusion du morceau de choix, à savoir l’accord sur un meilleur accès au marché chinois n’a toujours pas abouti10.

Preuve que les déclarations viriles européennes (la Chine est qualifiée de « rivale systémique ») n’ont pas encore eu l’effet escompté. Sur le volet droits de l’homme (liberté d’expression, droits des journalistes étrangers, Tibet, Ouïghours, Hongkong, Taïwan11..), les Chinois sont restés intraitables et inflexibles, reprenant le bon vieux langage de la guerre froide : « La Chine s’oppose à l’ingérence de quelque pays que ce soit dans ses affaires intérieures » a répondu le président chinois à ses interlocuteurs européens, le petit doigt sur la couture du pantalon made in China. Il s’est même payé le luxe d’expliciter sa pensée : « il s’agit de sauvegarder la souveraineté nationale, le sécurité et l’unité, et protéger les droits de tous les groupes ethniques à vivre et travailler en paix »12. Cette prise de position reprend les quatre principes sur lesquels doit reposer la coopération sino-européenne selon le chef de l’État chinois : la coexistence pacifique, l’ouverture et la coopération, le multilatéralisme, le dialogue et la consultation. On se croirait revenu au temps de la bonne vieille Guerre froide. Preuve en est que la mondialisation n’a pas contribué à démocratiser ce vieux pays communiste ! Pour l’agence de presse officielle chinoise : « la coexistence de multiples civilisations représente la normalité ».

Une mollesse européenne

Du côté européen, histoire de se mettre quelque chose sous la dent, on s’époumone sur les succès enregistrés sur le climat : les Chinois – premier pollueur de la planète – se seraient engagés à aller au-delà de leurs engagements en matière de neutralité carbone. Comme dirait l’autre, cela ne mange pas de pain. Pékin est tout de même resté peu disert sur la question de l’origine du Covid-19 et sur les conditions d’une enquête internationale conduite par l’OMS sur le sujet. Le président chinois, qui comme chacun le sait ne manque pas d’humour, a émis le souhait que « l’Europe reste un marché ouvert, juste et non discriminatoire ». On manque de s’étouffer en découvrant ces mots grotesques.

Comment imaginer que ses interlocuteurs ne lui aient pas immédiatement mis le mot « réciprocité » sous le nez en exigeant pareil traitement pour les entreprises européennes œuvrant en Chine. On comprend mieux pourquoi le président chinois se félicite de la qualité du dialogue qu’il entretient avec les Européens, différence majeure avec la technique de négociation américaine fondée sur le rapport de force.

Le seul que les Chinois soient aujourd’hui en mesure de comprendre. Quelle superbe leçon de diplomatie pratique que vient, une fois encore, d’administrer, la Chine à l’Europe ! Le contraste entre l’attitude de fermeté de Paris à l’égard du président Recep Tayyip Erdogan et ses hésitations devant la Chine est frappant13, pour ne pas dire déroutant au pays de René Descartes.

Guillaume Berlat
21 septembre 2020

1 Alain Frachon, La Chine s’installe au Moyen-Orient, Le Monde, 18 septembre 2020, p. 24.
2 Cécile Ducourtieux/Virginie Malingre, Brexit : Johnson braque une partie de son camp et l’UE. Le dirigeant britannique impose un projet de loi qui viole le traité de divorce conclu en 2019 avec Bruxelles, Le Monde, 16 septembre 2020, pp. 1 et 4.
3 Anne-Sophie Mercier, Boris Johnson. L’explosion du cher « no deal », Le Canard enchaîné, 16 septembre 2020, p. 7.
4 Christian Lequesne/Pauline Schnapper, Boris Johnson, idéologue nombriliste, Le Monde, 20-21 septembre 2020, p. 30.
5 Frédéric Pagès (propos (presque) recueillis par), Recep Tayyip Erdogan : « Je suis un type assez coule », Le Canard enchaîné, 16 septembre 2020, p. 1.
6 Marie Jégo, En Méditerranée orientale, Erdogan campe sur la ligne dure, Le Monde, 17 septembre 2020, p. 3.
7 Claude Angeli, Macron veut se refaire une santé en Méditerranée, Le Canard enchaîné, 16 septembre 2020, p. 3.
8 Alexandre Lemarié/Olivier Faye, Covid-19 : pourquoi Macron a changé de stratégie. Coronavirus : Macron refuse d’imposer trop de contraintes, Le Monde, 17 septembre 2020, pp. 1 et 10.
9 Éditorial : UE-Chine : un nécessaire rééquilibrage, Le Monde, 16 septembre 2020, p. 33.
10 Guillaume Berlat, Chine : chaîne des valeurs ou valeur de l’enchaînement ?, www.prochetmoyen-orient.ch , 7 septembre 2020.
11 Collectif d’experts et de députés européens, L’Union européenne doit soutenir Taïwan, Le Monde, 15 septembre 2020, p. 26.
12 Frédéric Lemaître/Jean-Pierre Stroobants, L’UE et la Chine dialoguent, mais s’opposent sur les droits humains et les investissements, Le Monde, 16 septembre 2020, p. 3.
13 Michel Guerrin, Faut-il boycotter la Chine ?, Le Monde, 19 septembre 2020, p. 27.

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ETIENNE PELLOT REVIENT SUR CHRISTIAN MALARD – Dans notre livraison du 27 juillet dernier (« Idiots utiles et inutiles »), nous épinglions l’ex-journaliste de France-3 – Christian Malard – comme « idiot inutile ». Ce « conseiller diplomatique » (tenez-vous bien !) d’une chaîne de télévision israélienne communique tous azimuts pour nous avertir qu’il reçoit prochainement un invité de grande marque – John Bolton -, criminel de guerre multirécidiviste. On a les satisfactions qu’on peut ! Toujours est-il que Christian Malard, mis en difficulté dans le service public pour ses messages inconditionnellement pro-israéliens, se dissimule – une fois de plus – derrière sa carte de presse pour des missions commandées, très commandées…
 
 
LA CONFIANCE, CET ACTEUR MÉCONNU DES RELATIONS INTERNATIONALES ! Guillaume Berlat. « La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice » (Baruch Spinoza, 1632-1677). Ce philosophe a compris le cœur de la problématique des relations internationales. Il est plus porté par la dimension humaine de la vie en société, entre sociétés que par les grandes règles de la grammaire des relations internationales qui font la part belle aux sujets du droit international, les États. Il sonde plus les cœurs et les âmes des hommes qui font l’Histoire que les mécanismes de régulation des relations internationales. Son approche est d’autant plus intéressante qu’elle contribue à mieux appréhender les spasmes, les remises en question du monde du XXIe siècle.

Pour trouver quelques clés de lecture d’un monde aussi complexe qu’imprévisible, il est indispensable de croiser les dimensions objective et subjective des relations internationales en concentrant notre attention sur le concept de confiance. À la manière de Pascal, il importe d’effectuer la différence entre l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse.

DE QUELQUES INGRÉDIENTS OBJECTIFS : L’ESPRIT DE GÉOMÉTRIE

Dans un monde dominé par les passions, l’enseignement fait la part belle à l’objectivité dans l’étude des relations internationales alors qu’il réserve la portion congrue à sa dimension subjective.

La part belle à la dimension objective des relations internationales

Les étudiants en droit international, en relations internationales, en sciences politiques sont bercés par l’apprentissage de concepts leur permettant de mieux appréhender la grammaire des relations internationales dans le temps. Dans un monde de la logique à la française, ils étudient guerre et paix, sujets et objets du droit international, mode de résolution des conflits, organisations internationales régionales et universelles… Ils appréhendent un monde fait d’une addition de facteurs objectifs s’agençant de manière rationnelle pour expliquer ordre ou désordre de la planète. Une sorte de jardin à la française rassurant tant la place accordée à la dimension humaine, irrationnelle, subjective de la conduite des relations internationales est ramenée à la portion congrue. Mais, dans les relations internationales, un plus un n’est pas toujours égal à deux.

La portion congrue à la dimension subjective des relations internationales

De nos jours, la technologie semble avoir réponse à tout. L’intelligence artificielle supplante l’intelligence humaine dépassée par la révolution numérique. La psychologie est remplacée par les algorithmes qui présentent un ’immense avantage ne pas faire de sentiment, s’en tenir à la vérité des faits (Hannah Arendt). Mais la rationalité revendiquée n’exclut pas une dose de morale, introduisant subrepticement une part de subjectivité dans l’appréhension des relations internationales. Elle n’exclut pas une dose de subjectivité dans la connaissance des rapports entre États. Le praticien curieux découvre alors un objet politique non identifié (OPNI), la confiance opposée à son contraire, la défiance. Mais, il éprouve une certaine difficulté à définir ce concept, à l’intégrer dans l’équation à plusieurs inconnues qu’est la mathématique des relations internationales.

D’UN INGRÉDIENT SUBJECTIF : L’ESPRIT DE FINESSE

Pour mesurer la nécessité d’une restauration de la confiance dans les relations internationales, il convient, au préalable, de disposer d’une approche conceptuelle de ce terme.

La nécessité d’une approche conceptuelle de la confiance

La confiance, c’est à la fois une force discrète et mystérieuse, un signe de foi dans l’avenir, un ingrédient indispensable de la vie internationale. « Faire confiance, c’est parler dans un monde incertain, qu’autrui aura un comportement coopératif » (Claudia Senik, directrice scientifique de la Fondation pour les sciences sociales). Dès le début du XXe siècle, les sciences sociales s’intéressent à cette « institution invisible » (Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie). « Sans la confiance des hommes les uns envers les autres, la société toute entière se disloquerait », écrivait dès 1900 Georg Simmel, l’un des premiers sociologues à avoir consacré ses travaux à la confiance. La confiance est placée au centre du contrat social à Rome. Vingt siècles plus tard, l’économiste Alexis Spire souligne que les « démocrates aspirent « pour asseoir leur autorité autrement que par la force, à produire des institutions qui suscitent la confiance ».

Deux économistes (Yann Algan et Pierre Cahuc) écrivent en 2007 un ouvrage « Dans la société de défiance » énumérant les signes de cette éclipse dans divers États. Depuis le début des années 2000, cette défiance des citoyens à l’égard de leurs dirigeants ne fait que croître. Pour le sociologue américain Russel Harding (1940-2017), « l’âge de la défiance » n’est pas un accident de l’histoire mais le fruit naturel de la modernité. Dans L’économie de la confiance (2012), l’économiste Eloi Laurent prétend qu’avec l’accélération de la mondialisation, « la confiance n’est pas en crise, elle est en transition ». La confiance dans les sociétés modernes est fragilisée. « La méfiance est un sentiment toxique, mais la vigilance est une attitude positive » (Claudia Senik)[1]. Quid dans la société internationale ? Aujourd’hui, les rapports entre États souffrent, à l’évidence, d’un déficit de confiance. Comment la restaurer ?

La nécessité d’une incontournable restauration de la confiance

Améliorer le bien-être de l’humanité en utilisant au mieux les ressources de la diplomatie dans la « mêlée mondiale », quel formidable défi ! Mais, pour le relever, il faut sérénité et coopération. Pas la pratique de l’anathème contre l’autre. Ce qui nous rappelle, « qu’au fond, l’essence de la diplomatie, c’est la compréhension de l’autre ». Il faut remettre le respect de l’humain au cœur de nos actions au lieu de conspuer, d’accuser, d’isoler, d’exclure. Et d’accorder la plus grande attention à ce qui nous grandit : le respect et la confiance en l’avenir, la confiance en l’autre. Le maître mot est lâché, celui de confiance. Comment définir ce terme ? « La croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle… d’une autre personne, qui fait que l’on est incapable d’imaginer de sa part, tromperie, trahison ou incompétence ». Nous passons d’une dimension objective (l’existence d’une norme écrite et précise) à une dimension subjective (l’appréciation d’un sentiment de confiance) du paradigme des relations internationales.

Et c’est là que réside toute la difficulté de l’exercice. Pourquoi et à partir de quand passe-t-on d’un sentiment de défiance à l’égard d’un État à un sentiment de confiance à l’endroit de ce même sujet du droit international ? C’est à cette capacité de jugement que l’on reconnait un véritable homme (femme) d’État, un visionnaire. Capacité à apprécier la permanence dans la volatilité d’une situation. Or, où est passée la « fée confiance » ? Elle a disparu derrière le mauvais génie du monde nouveau qui a pour nom défiance, méfiance. Dans les relations internationales, l’horizon se mesure en décennies. Injecter de la confiance est un art du long terme, c’est avant tout se lancer dans une épopée intellectuelle exigeante. Ce n’est qu’à ce prix que pourra être durablement rétablie la confiance, que le monde pourra se préparer un avenir moins sombre.

À cet égard, nous notons avec intérêt les déclarations du chef de l’État (28 novembre 2019) à l’OTAN dans lesquelles il en appelle à « construire une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe… ».

À LA RECHERCHE DE LA CONFIANCE PERDUE !

« La confiance est une des possibilités divines de l’homme » 
(Henry de Montherlant).

Mais la confiance ne se gagne pas, elle se mérite. Comment ? C’est là toute la difficulté de l’exercice appliqué au domaine complexe des relations internationales. Comme le rappelle le cardinal de Retz : « On est plus souvent dupé par la défiance que par la confiance ». Toutes choses que nos dirigeants ont tendance à perdre de vue. Trop sérieuse est la diplomatie pour être laissée à des amateurs qui n’ont toujours pas compris ce qu’était son essence en cette période d’angélisme, plaie de ces temps conflictuels. Car « la diplomatie est un ensemble de connaissances combiné avec un savoir-faire spécifique ». À quand le lancement de chantiers de recherche sur la confiance, cet acteur méconnu des relations internationales ?

[1] Anne Chemin, La confiance, denrée politique en voie de disparition, Le Monde, 23 novembre 2019, pp. 30-31.

ThucyBlog n° 63

https://www.afri-ct.org/2020/confiance-cet-acteur-meconnu-des-relations-internationales/


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SYRIE : L’ONU EVOQUE DES CRIMES DE GUERRES DANS LES ZONES SOUS CONTRÔLE TURC – AFP, 18 septembre.

Des crimes de guerre pourraient avoir été commis dans les zones syriennes sous contrôle de la Turquie ou des groupes armés qu’elle soutient, a alerté vendredi la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet. Dans un communiqué, le Haut-Commissariat de l’ONU décrit une situation des droits humains « sombre » dans certaines parties du nord, du nord-ouest et du nord-est de la Syrie qui sont sous le contrôle des forces turques et des groupes armés qui leur sont affiliés, avec une violence et une criminalité répandue. « Les personnes vivant dans ces régions dont les droits ont été violés ont droit à une protection et à un dédommagement », a affirmé Michelle Bachelet.

Elle a « exhorté la Turquie à lancer immédiatement une enquête impartiale, transparente et indépendante sur les incidents que nous avons observés, à rendre compte du sort des personnes détenues et enlevées par les groupes armés affiliés et à poursuivre les auteurs de ce qui pourrait, dans certains cas, constituer des crimes au regard du droit international, notamment des crimes de guerre ». « Ceci est d’autant plus important, a-t-elle ajouté, que nous avons reçu des rapports inquiétants selon lesquels certains détenus et personnes enlevées auraient été transférés en Turquie suite à leur détention en Syrie par des groupes armés affiliés » à Ankara.

La Turquie, qui contrôle par le biais de groupes armés syriens qu’elle soutient de vastes territoires en Syrie, a vigoureusement rejeté ces accusations. « Nous rejetons entièrement les allégations infondées contre des groupes de l’opposition syrienne opérant sur le terrain pour combattre le terrorisme et permettre le retour des réfugiés », a indiqué le ministère des Affaires étrangères turc dans un communiqué.

Il a aussi rejeté « les allégations infondées à l’encontre de notre pays en lien avec ces groupes et les critiques injustifiées de la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme contre notre pays ». Le ministère turc a aussi accusé l’Onu d’avoir omis de signaler dans son communiqué les « violations » commises par le régime syrien et par les milices kurdes des YPG. L’ONU indique avoir constaté ces derniers mois la répétition d’un schéma alarmant de graves violations dans ces régions, notamment à Afrin, Ras al-Ain et Tel Abyad, majoritairement kurdes, où une augmentation des meurtres, des enlèvements, des transferts illégaux de personnes, des confiscations de terres et de biens, et des expulsions forcées ont été documentées.

Du 1er janvier au 14 septembre, le Haut-Commissariat a confirmé la mort d’au moins 116 civils due notamment à des engins explosifs improvisés (EEI). Environ 463 civils ont été blessés. « Les groupes armés affiliés à la Turquie ont également confisqué et pillé des maisons, des terres et d’autres biens privés et commerciaux sans nécessité militaire apparente, et ont occupé nombre d’entre eux avec leurs propres familles », a détaillé le Haut-Commissariat. Parmi d’autres violations graves des droits de l’homme, l’ONU a également documenté l’enlèvement et la disparition de civils, y compris femmes et enfants, dont le sort reste pour certains inconnus.

 

L’ARMEE AMERICAINE RENFORCE SON DEPLOIEMENT FACE AUX RUSSES DANS LE NORD-EST SYRIEN – Paul Khalifeh, 19 septembre.

L’armée américaine a déployé des blindés et des dizaines de militaires supplémentaires dans le nord-est syrien après plusieurs incidents avec les forces russes présentes dans cette région riche en pétrole. Le déploiement militaire américain est modeste mais il montre la volonté des Etats-Unis de ne pas laisser le terrain libre à l’armée russe dans le nord-est de la Syrie : une demi-douzaine de véhicules blindés de combat, manœuvrés par une centaine de militaires, aéroportés d’une base du Koweït. Les Américains ont également décidé d’accroître la fréquence des patrouilles aériennes au-dessus des secteurs contrôlés par leurs forces essentiellement déployées autour des principaux puits de pétrole du nord-est syrien. Un responsable américain cité par des agences de presse internationales a indiqué que ce déploiement est un « signal clair envoyé à la Russie et d’autres acteurs pour qu’ils s’abstiennent d’actes non professionnels et dangereux ». La décision des Etats-Unis intervient après une série d’incidents qui ont opposé ces dernières semaines les militaires américains aux forces russes. Celles-ci sont désormais déployées le long de la frontière turque, conformément à un accord avec Ankara. Fin août, sept soldats américains avaient été blessés au cours d’une collision avec un véhicule russe. Des vidéos mises en ligne sur Twitter montrent des blindés et des hélicoptères russes bloquant des véhicules américains, puis les forçant à quitter la zone. La Russie a aussi renforcé ses liens avec des tribus arabes du nord-est syrien, qui réclament le retrait des quelques centaines de soldats américains encore présents dans la région.

 

SANCTIONS AMERICAINES : LA RUSSIE VEUT AIDER LA SYRIE A CONTOURNER LA « LOI CESAR » – AFP, 7 septembre.

Une importante délégation russe, conduite par le vice-Premier ministre Iouri Borissov et le chef de la diplomatie Serguei Lavrov, a rencontré à Damas lundi 7 septembre le président syrien Bachar el-Assad et d’autres hauts responsables. Cette visite intervient alors que le pays traverse une situation économique difficile, aggravée par les sanctions occidentales, et alors que le processus politique n’enregistre aucune percée significative.

L’objectif de la visite de la délégation russe à Damas, lundi 7 septembre, est de renforcer la coopération économique bilatérale pour aider la Syrie à atténuer les effets de la loi « César », votée par le Congrès américain, qui sanctionne toute transaction économique, commerciale ou financière avec le gouvernement syrien ou des proches du pouvoir.

Iouri Borissov, le vice-Premier ministre russe, a été accueilli par le président syrien Bachar el-Assad et a déclaré que son pays s’emploie à briser le « blocus économique » imposé selon lui à la Syrie par les États-Unis et leurs alliés européens, qualifiant leurs positions de « non constructives ».

La nouvelle Constitution syrienne va encore patienter

La Russie et la Syrie ont convenu de mettre en œuvre les projets déjà conclus entre les deux pays ces dernières années. Un accord portant sur l’exécution de 40  nouveaux projets dans le domaine de l’énergie a par ailleurs été signé le 7 septembre. Il prévoit la construction de centrales électriques et l’exploration d’hydrocarbures offshore.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue syrien Walid el-Moallem, Serguei Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a douché les espoirs d’une percée rapide dans les travaux de la commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution syrienne, sous l’égide des Nations unies à Genève. Selon lui, il n’y a pas de délai pour la fin de ce processus.

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Il y a 40 ans démarrait la guerre Iraq Iran, incitée par 524 provocations aux frontières et 2 attentats à Baghdad, dans la droite ligne des accords secrets passés à l’été 1972 par Kissinger pour déstabiliser l’Iraq. Une guerre prolongée par plusieurs interventions de puissances extérieures, via le ciel turc rendu discret par le coup d’état militaire survenu 8 jours avant, dont s’était félicité les Etats-Unis. Une guerre relancée le 30 septembre par le bombardement de la centrale électrique de Baghdad-Dora par des avions israéliens avec des pilotes parlant persan. Une guerre longuement entretenue par la fourniture bien dosée d’armes et de renseignements satellitaires aux deux belligérants : des Etendards prêtés par la France, des missiles Matra vendus 3 fois le prix, le marché IranGate de missiles portables sol air pris sur des stocks israéliens, coup tordu initié par les gouvernements israélien et américain en connivence.

Bernard Cornut

 

  1. Macron « ne croit pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ». Il s’apprête à investir des milliards dans la digitalisation. Très bien. Et s’il consacrait aussi quelques millions à l’installations d’escaliers mécaniques dans le métro parisien pour permettre aux handicapés et aux personnes âgées de se déplacer ?
  2. 40% des lecteurs du Figaro estiment qu’il est « inutile que la France se batte pour conserver à Strasbourg le siège du Parlement Européen ». Comme quoi il n’y a pas que sur les questions d’éthique que la vieille bourgeoisie a tout lâché. Lénine avait raison. « Ils nous vendront la corde avec laquelle on les pendra ».
  3. Répondant à l’annonce d’une Brève fin août, le Bahreïn confirme qu’il rejoint Israël et les Emirats dans le ‘Jared Kushner’ club. Espérons qu’il en sera récompensé. Comme les Emirats, avec la vente secrète d’armements sophistiqués – notamment utilisés au Yémen. Ce qui pour la CPI ferait des Etats-Unis un complice pour crimes de guerre ?
  4. La dernière de BHL : « Je ne connais pas les Emirats. Mais je sais que leur Président est l’un des rares dans cette région, à être du bon côté de la barricade sur la plupart des grandes scènes où se livre la bataille pour la paix ». Au Yémen ? L’étonnant, ce ne sont pas les imbécillités récurrentes de cet imposteur. C’est qu’il soit publié dans Le Point.
  5. Après la mort au cours de ces douze derniers mois de trois artistes turcs qui observaient une grève de la faim, c’est la journaliste Ebru Timtik qui pour des raisons identiques, vient de rendre l’âme dans l’une des geôles turques dans laquelle l’avait séquestrée le maquereau du Bosphore. Et la France demeure l’alliée de ce nouvel Etat-voyou au sein de l’Otan ?

Dinall’uill

 

LE DESTIN TRAGIQUE DES COMMUNISTES ARABES (2/2)

Les grossières erreurs du PC Irakien : Le malentendu avec Abdel Karim Kassem. Fondé en 1934. Le PC irakien a joué un rôle fondamental dans l’histoire politique de l’Irak, de sa fondation à la décennie 1970., notamment en coalisant les principales forces politiques hostiles à la monarchie.

Impliqué dans les plus importantes manifestations et insurrections des décennies 1940 et 1950, il a tenu un rôle dans le renversement en 1958 du Royaume d’Irak, qui a porté au gouvernement le général Abdel Karim Kassem. Il a beaucoup souffert, à partir de 1978, de la répression sous la dictature de Saddam Hussein.

Restant un élément important de l’opposition irakienne, il s’est opposé aux sanctions des Nations Unies la guerre du Koweït en 1991, puis s’est opposé à l’invasion américaine de l’Irak en 2003.

En mars 2018, il s’allie au mouvement de Moqtada al-Sadr, au sein de la coalition électorale Sa’iroun («En marche») pour les élections législatives et provinciales de mai 2018. Les deux forces politiques s’étaient rapprochées à partir de 2015 dans le cadre d’un mouvement de protestation réclamant des réformes, la lutte contre la corruption et l’amélioration des services publics. La coalition obtient 54 députés, sur un total de 329 sièges.

Le malentendu avec le général Abdel Karim Kassem

Le malentendu entre les communistes irakiens et le général Abdel Karim Kassem s’est noué autour de deux questions: la participation des communistes au gouvernement et le Kurdistan.

Premier chef du gouvernement de l’Irak post monarchique, le général Abdel Karim Kassem, artisan du coup d’état, était un nationaliste proche des communistes. Ds sa nomination, le parti communiste a organisé de manifestations monstres réunissant plusieurs centaines de milliers de million de personnes pour exiger une pleine participation des communistes au pouvoir.

Les alliés du général Kassem au sein de la coalition gouvernementale y vont une marque de duplicité du premier ministre en vue de les forcer à faire une place plus importante aux communistes au sein du gouvernement.

Circonstance aggravante, le mot d’ordre du PC irakien «Paix au Kurdistan» lancé sans la moindre campagne d’explication pédagogique, plaçait leur allié en porte à faux tant vis à vis des autres composantes du pouvoir que vis à vis de l’opinion publique irakienne. Celle-ci était majoritairement hostile à un arrangement avec le Mollah Moustapha Barzani, en ce qu’elle considérait le chef kurde comme un instrument de déstabilisation manipulé par le Chah d’Iran et que ses menées «séparatistes» visaient à terme à amputer l’Irak de ses riches provinces pétrolières du Nord du pays.

Un autre point noir dans le registre du PC irakien, le fait d’avoir trainé ses opposants, morts ou vivants, dans les rues de Bagdad, en vue de livrer ses adversaires à la vindicte publique.

L’antagonisme avait atteint un point tel que le Général Kassem entreprit de s’opposer par la force à ses anciens compagnons.

Le Parti Communiste Libanais et le Kominterm

Fondé en 1924 par l’historien libanais Youssef Ibrahim Yazbeck et Fouad Chemaly, le PC Libanais est le plus ancien parti politique libanais. Dissous en 1948, il sera interdit jusqu’en 1971. Nonbstant cet interdit, le PC Libanais comptait, en 1967, 75000 d’adhérents, soit 3 % de la population, ce qui faisait de lui le plus grand parti libanais de l’époque.

Durant la guerre civile libanaise (1975-1990), il sera une des composantes essentielles de la coalition palestino progressiste. Dans la foulée du retrait de l’OLP de Beyrouth, en 1982, le PC libanais sera l’initiateur de la guérilla anti israélienne dans la capitale libanaise.

Allié du Hezbollah Libanais, il participera au sein de la «résistance nationale libanaise» à la guérilla anti israélienne au sud Liban, jusqu’au dégagement final des Israéliens de la région frontalière, sans négociations, ni traité de paix.

Fouad Chémali, co-fondateur du Parti, avait baptisé sa formation, à son lancement en 1924, de «Parti du Peuple», considérant que le terme «communiste» était inapproprié et posait problème dans les sociétés traditionalistes arabes. Intransigeant, le Kominterm avait posé comme condition à l’admission de la formation libanaise au sein de l’Internationale Communiste, qu’elle porte le nom de «Parti Communiste Libanais», dans un souci d’uniformisation. Ce qui fut fait. Ah les ravages de l’européo-centrisme.

Le Parti communiste libanais et l’intervention militaire syrienne au Liban

En 1976, Le PC Libanais était hostile à l’intervention militaire syrienne au LIban, d’autant plus vivement que la demande provenait de trois dirigeants maronites, tous trois à la tête de milices [..]

René Naba

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