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Des centaines de collégiens portés disparus au Nigeria après une attaque armée

Plus de 300 jeunes garçons n'ont pas été retrouvés après cette attaque et la situation déclenche un début de tempête politique dans le pays le plus peuplé d'Afrique. 

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Rassemblement à Zabarmari (Nigéria) le 29 novembre 2020, après une attaque de Boko Haram sur un village de la région. 43 personnes ont été tuées.
Rassemblement à Zabarmari (Nigéria) le 29 novembre 2020, après une attaque de Boko Haram sur un village de la région. 43 personnes ont été tuées. (AUDU MARTE / AFP)

Plusieurs mouvements d’opposition du nord du Nigeria annoncent leur intention ce lundi 14 décembre de marcher sur la résidence secondaire du président nigérian, Muhammad Buhari. Dimanche 13, des centaines de parents se sont réunis dans la ville de Kankara pour appeler au secours et interpeller les pouvoirs publics tout en initiant une mobilisation sur les réseaux sociaux, sous le mot-dièse #bringbackourboys, "Ramenez-nous nos garçons".

L’archevêque de Lagos, la plus grande ville du pays, a également interpellé le président nigérian, lors de son homélie dominicale. Les critiques portent sur la relative indifférence du président après cette attaque. Muhammad Buhari, qui est pourtant originaire de la région, s’est contenté d’un bref communiqué pour exprimer sa solidarité avec les familles.

Plus largement, le sujet de fond, c’est l’incapacité du gouvernement central à faire régner l’ordre et donc à retrouver ces collégiens. Le Nigéria a beau être le pays le plus riche et le plus peuplé d’Afrique (200 millions d’habitants), le pouvoir ne parvient pas à rétablir la sécurité la plus élémentaire dans toute la région Nord.   

Une industrie de l'enlèvement et du racket

En l’occurrence, l’attaque s’est produite le vendredi 11 au soir: des hommes à moto, armés de fusils d’assaut AK47 ont fait irruption dans ce collège de garçons, à la nuit tombée, peu avant 22h. Ils ont ouvert le feu devant l’établissement scolaire, provoquant évidemment un mouvement de panique. Les forces de sécurité sont intervenues pour riposter. Mais entretemps, des centaines de collégiens avaient fui dans les forêts alentour. Samedi matin, nombre d’entre eux sont sortis de leurs cachettes et ont regagné le collège.

Mais selon le gouverneur local, plus de 330 de ces collégiens manquent encore à l’appel. Certains sont peut-être encore cachés, mais plusieurs témoignages laissent penser qu’ils ont plus probablement été enlevés par ces hommes armés. Il s’agit sans doute de racket, et une demande de rançon n’est pas à exclure. Le pouvoir central, lui, fait tout pour minimiser l’affaire : le gouvernement conteste même ce chiffre de 330 enlèvements ; pour lui, il n’y a que dix collégiens à manquer à l’appel.  

Le souvenir des adolescentes de Chibok

Ce n’est pas la première affaire de ce genre: on se souvient d’une histoire assez similaire, en 2014. Cette fois- là, ce sont des filles qui avaient été enlevées à Chibok, toujours dans le Nord : près de 300 filles, par le groupe islamiste Boko Haram. Ça avait fini par déclencher une mobilisation internationale, à l’époque avec le slogan "Bring back our girls", "Ramenez-nous nos filles". Certaines de ces adolescentes n’ont jamais été libérées, elles ont sans doute été tuées ou mariées de force à des militants de Boko Haram.

Dans cette partie nord du Nigeria, près du Niger, du Cameroun et du Tchad, il est souvent difficile de savoir à qui on a à faire, entre terroristes islamistes et bandits de grand chemin. Sans oublier que les forces de police ne sont pas exemptes de reproche : les violences policières sont récurrentes au Nigéria. Du coup l’insécurité règne. Toutes les écoles ont été fermées aujourd’hui dans la région, dans la crainte de nouvelles attaques.  

Rassemblement à Zabarmari (Nigéria) le 29 novembre 2020, après une attaque de Boko Haram sur un village de la région. 43 personnes ont été tuées.
Rassemblement à Zabarmari (Nigéria) le 29 novembre 2020, après une attaque de Boko Haram sur un village de la région. 43 personnes ont été tuées. (AUDU MARTE / AFP)