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En Italie, une grève en pleine épidémie de Covid-19

Une grève dans les services publics est prévue ce mercredi 9 décembre. C'est plutôt inattendu dans le contexte sanitaire: l'Italie est l'un des pays les plus touchés par la 2e vague de la pandémie.

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Un pharmacien réalisant des tests antigéniques du Covid-19 à Rome (Italie) le 27 novembre 2020
Un pharmacien réalisant des tests antigéniques du Covid-19 à Rome (Italie) le 27 novembre 2020 (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

La grande confédération syndicale italienne CGIL appelle à cesser le travail mercredi. Les écoles pourraient être particulièrement touchées, tout comme les administrations en général, sans oublier les hôpitaux. Sauf qu’évidemment, compte tenu du contexte sanitaire, les syndicats se sont engagés à ne pas perturber les soins d’urgence. La grève sera donc en partie symbolique. Les modalités d’application ont été laissées à l’appréciation des délégués locaux de la CGIL. Dans certaines régions, comme la Toscane, il pourrait aussi y avoir des arrêts de travail dans les commerces privés. Le conflit porte essentiellement sur les moyens dans les écoles et les hôpitaux a fortiori pour faire face aux contraintes imposées par l’épidémie. Les syndicats réclament des revalorisations salariales (ils estiment que les fonctionnaires italiens sont moins bien payés que leurs homologues d’Europe occidentale). Ils demandent surtout une résorption de la précarité et avancent le chiffre de 450 000 emplois précaires qui, selon eux, doivent être titularisés.    

La grève est désapprouvée par une majorité d'Italiens

Reste que dans le contexte de la pandémie, cet appel à cesser le travail peut paraître incongru:  si l’on en croit une enquête publiée ce 8 décembre, seulement 37% des Italiens approuvent ce mouvement de grève. 51% y sont opposés, considérant que ce n’est vraiment pas le moment, ni de réclamer de l’argent quand on a la stabilité de l’emploi, ni de perturber la vie de la population alors que c’est déjà bien assez compliqué comme ça. Seuls les plus jeunes sont favorables à la grève, sans doute aussi parce qu’ils sont les plus touchés par la précarité. Mais sinon, quelle que soit leur couleur politique, les Italiens sont majoritairement défavorables à ce mouvement.

Il faut dire qu’il intervient à un moment où l’Italie est encore en pleine 2e vague de la pandémie. Les chiffres de contamination et de décès commencent à peine à redescendre, en décalage de quelques semaines par rapport à la France. Le pays a dépassé le cap des 60 000 morts, 993 décès lors de la seule journée du 1er décembre, 700 par jour en moyenne. Et le taux de mortalité, c’est-à-dire le nombre de morts rapporté au nombre de cas, est de 3,5%. Très supérieur à celui de la France, 2,35%. L’Italie reste, avec le Royaume-Uni, le pays le plus touché d’Europe.  

Un confinement strict pour les fêtes de fin d'année

Et cette grève se produit aussi dans un contexte de confinement : là aussi c’est étrange, même si le confinement est moins strict qu’en France, du moins pour l’instant. Les mesures ont été plutôt allégées ces derniers jours. Il n’y a plus aucune région classée en rouge, avec interdiction totale des déplacements et fermeture des commerces. Cela dit, la situation reste préoccupante dans les Abruzzes, au centre du pays, et aussi à Naples au Sud, en Lombardie et dans le Piémont au Nord. Et surtout, ça va se durcir pour les fêtes.

Du 21 décembre au 6 janvier, il sera interdit de sortir de sa région, le couvre-feu sera maintenu de 22h à 5h, y compris le 24 décembre et le 31 décembre au soir. Et toute personne de retour de l’étranger devra subir une quarantaine de 14 jours. Si les pouvoirs publics français veulent revoir leur copie et durcir à nouveau les mesures ici pour les fêtes, il leur suffit de regarder en Italie.  

Un pharmacien réalisant des tests antigéniques du Covid-19 à Rome (Italie) le 27 novembre 2020
Un pharmacien réalisant des tests antigéniques du Covid-19 à Rome (Italie) le 27 novembre 2020 (ALBERTO PIZZOLI / AFP)