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Le verdict des urnes est imminent au Ghana, modèle de démocratie en Afrique

Le résultat de la présidentielle s'annonce serré dans ce pays dont on parle rarement en France, mais qui est une exception démocratique, un exemple de stabilité dans la région.  

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Décompte des votes lors du scrutin présidentiel et légilatif du 7 décembre 2020, dans un bureau de vote de Techiman (Ghana)
Décompte des votes lors du scrutin présidentiel et légilatif du 7 décembre 2020, dans un bureau de vote de Techiman (Ghana) (NIPAH DENNIS / AFP)

Le scrutin (législatif et présidentiel) s’est déroulé dimanche 6 décembre. Et généralement au Ghana il faut trois jours pour dépouiller les bulletins. Cela ne devrait donc plus tarder dans ce pays de 30 millions d’habitants, sur le Golfe de Guinée, entre Côte d’Ivoire, Burkina et Togo. Ce 9 décembre, les résultats sont déjà tombés dans la plupart des régions, 14 sur 16.

Et comme on pouvait s’y attendre, ça s’annonce serré pour la présidentielle entre les deux grands rivaux de la politique ghanéenne : le président sortant, le libéral Nana Akufo Addo, et son prédécesseur à la présidence, John Mahama, très apprécié dans les milieux populaires. C’est la troisième fois qu’ils se retrouvent face à face. Et jusqu’à présent, chacun d’eux l’a donc emporté une fois. Le point majeur, c’est que tout se passe dans le calme. Le vote, en présence de nombreux observateurs internationaux, s’est déroulé sans encombre, à l’exception de quelques incidents isolés. Et les deux candidats ont même conclu "un pacte de paix" : ils se sont engagés à ne pas inciter à la violence à la proclamation des résultats.    

Alternances politiques et forte croissance

En France on parle peu du Ghana, sans doute parce que c’est un pays principalement anglophone. Mais le fait est qu’il est exemplaire sur le plan démocratique depuis maintenant 30 ans : il a connu sept élections, toutes transparentes. Et des alternances régulières. La presse est libre et pluraliste, la société civile est active. Et c’est bien le seul pays de la région où c’est le cas : la Côte d’Ivoire vient de vivre un processus électoral très contesté, le Togo est aux mains d’une dynastie depuis un demi-siècle, le Mali vient de connaitre un coup d’Etat et le Burkina Faso est rongé par le terrorisme.

Non content d’avoir stabilisé sa démocratie, le Ghana affiche l’une des croissances les plus fortes du monde sur les dix dernières années, plus de 6%, avec des pointes au-dessus de 8%. Le pays s’est modernisé, c’est l’un des plus avancés du continent africain sur le numérique. Les ressources du pays en or, en pétrole, en cacao, y contribuent évidemment. Mais c’est aussi le résultat d’une gestion économique rigoureuse : l’inflation est maîtrisée, le secteur bancaire a été "nettoyé".

Inégalités sociales et tension avant le résultat

Cela dit, tout n’est pas parfait : la corruption reste endémique, les inégalités entre les différentes régions du pays sont fortes, et le chômage des jeunes s’est accru en raison de l’impact économique de la pandémie de Covid-19.  Et c'est pour cela qu'il y  a malgré tout des craintes de dérapage. Parce qu’il y a de la tension sociale. Et parce que la rivalité est très forte entre les deux candidats. Ils ont d’ailleurs tous les deux commencé à revendiquer la victoire avant même la proclamation des résultats.

La commission électorale a donc un rôle majeur. C’est sans doute pour cette raison qu’elle prend son temps : elle veut éviter les contestations. Et il faut souhaiter que le verdict des urnes soit respecté. Parce que, vraiment, cette stabilité démocratique du Ghana est d’une importance majeure en Afrique de l’Ouest. C’est notamment un rempart contre le terrorisme islamique qui ne cesse de progresser dans la région.  

Décompte des votes lors du scrutin présidentiel et légilatif du 7 décembre 2020, dans un bureau de vote de Techiman (Ghana)
Décompte des votes lors du scrutin présidentiel et légilatif du 7 décembre 2020, dans un bureau de vote de Techiman (Ghana) (NIPAH DENNIS / AFP)