Pacha (titre)

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Le mot pacha (en turc, parfois transcrit pascha ou bashaw) était sous l'Empire ottoman et dans la Dynastie Alaouite régnant sur le Maghreb Orientale un titre de noblesse de haut rang accordé notamment aux gouverneurs de provinces. Il est un équivalent des titres de Hospodar (Souverain), ou de Seigneur.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot est emprunté au turc paşa, et tire vraisemblablement son origine du persan Padichah[1].

Rôle dans le système politique de l'Empire ottoman[modifier | modifier le code]

Seuls le sultan ottoman et le khédive d'Égypte ont eu le droit de pourvoir les offices et d'accorder les titres de pacha. À l'origine, le titre était destiné exclusivement au chef suprême de l'armée et aux gouverneurs de provinces[2], et il existait une hiérarchie de pachas à « une, deux, ou trois queues », dont la dignité était matérialisée par des queues de cheval flottant au bout d'une lance[3] ; ainsi, les beylerbeys étaient des pachas à « deux tough ou queue de cheval »[4]. Le rang de pacha est supérieur à celui de bey et d'agha, mais inférieur à celui de khédive et de vizir.

Les pachas d'Alger : Cohabitation des deys et des pachas (1671-1710)[modifier | modifier le code]

De 1671 à 1710, l'État d'Alger est toujours vu comme une dépendance par le sultan ottoman, qui y délègue de manière protocolaire un pacha au côté du dey. Durant cette période, les institutions de la régence se consolident, ainsi que ses frontières à l'est et à l'ouest. Le dey exerçant la réalité du pouvoir, il se développe une politique largement indépendante d'Istanbul[5].

Face aux intrigues des pachas, le dey Baba Ali Chaouch réunit un divan où il élimine les janissaires frondeurs[6]. Ce conseil entérine une décision fondamentale selon laquelle Alger ne recevrait plus de pacha, représentant du sultan ottoman. Désormais, le dey prend également le titre de pacha. Cependant ce titre s'il permet de ménager les liens avec l'Empire ottoman et d'obtenir son investiture, est contesté localement. En effet historiquement ni les raïs, ni la milice, ni la population n'ont respecté l'autorité du pacha, souvent réduit à un rôle protocolaire. Les deys prenant le titre de pacha, et donc revendiquant gouverner nominalement pour le compte des sultans ottomans, doivent désormais eux-mêmes affronter des révoltes de janissaires. Ils finissent donc par rejeter, leur autorité empruntée de pacha, fut-elle nominale[6].

Pachas du Maroc[modifier | modifier le code]

Au Maroc, un pacha, anciennement « gouverneur », était le représentant du sultan dans une ville le terme gouverneur, était vraiment inconnu au Maroc puisque le titre est ottoman. Mais c'est sous le protectorat français qu'a été vulgarisé son usage importé de l'Algérie où, comme beaucoup de termes administratifs turcs, il était d'emploi courant[7]. L'un des plus connus est Thami El Glaoui, pacha de Marrakech mais il y eut d'autres pachas comme Driss Ben El Kouri, pacha du Touat. « Pacha » est aujourd'hui un terme qui désigne un haut fonctionnaire chargé de l'administration d'un district.

Quelques pachas européens[modifier | modifier le code]

Le titre de pacha a pu, parfois, être attribué à des européens, pour services exceptionnels rendus au sultan :

  • Claude Alexandre de Bonneval, nommé pacha en 1730 comme commandant de l'artillerie turque sous le nom d'Ahmed Pacha ;
  • Joseph Seve, nommé pacha en 1833 comme généralissime de l'armée égyptienne sous le nom de Soliman Pacha ;
  • Valentine Baker, nommé pacha en 1876 comme général dans l'armée ottomane sous le nom de Backer Pacha ;
  • Jean Marius Michel, nommé pacha en 1879 pour sa gestion remarquable du port d'Istanbul sous le nom de Michel Pacha ;
  • Ödön Széchenyi, nommé pacha en 1880 pour ses activités de commandant en chef des pompiers d'Istanbul ;
  • Edouard Schnitzer, nommé pacha en 1886 pour différentes activités sous le nom d'Emin Pacha ;
  • Fernando Aranda, nommé pacha en 1886 comme général, chef des musiques du sultan sous le nom d'Aranda Pacha;
  • Victor-Marie Vitalis, nommé pacha pour ses nombreuses activités politiques et militaires sous le nom de Vitalis Pacha.

Et pour des services rendus en Égypte :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de « pacha » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires le Robert 1992 (ISBN 2-85036-187-9), tome M-Z, p. 1399
  3. Larousse du Modèle:S), 1931, tome V, p. 302
  4. Robert Mantran, chapitre L'évolution des relations politiques entre le gouvernement ottoman et les odjakd de l'ouest, p. 52 du livre ???
  5. Mahfoud Kaddache, L'Algérie durant la période ottomane, Office des publications universitaires, , 239 p. (ISBN 978-9961-0-0099-1, lire en ligne), p. 89.
  6. a et b Mahfoud Kaddache, L'Algérie durant la période ottomane, Office des publications universitaires, , 239 p. (ISBN 978-9961-0-0099-1, lire en ligne), p. 90.
  7. Fouzia Benzakour, Driss Gaadi, Ambroise Queffélec, Le Français au Maroc, De Boeck Université, 2000. Google Livres.
  8. Bernard Le Nail,"Explorateurs et grands voyageurs bretons", (1998), Editions Gisserot

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Bouquet, Les pachas du sultan. Essai sur les agents supérieurs de l’État ottoman (1839-1909), Louvain, Peeters, 2007.