Thaï

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Thaï
ภาษาไทย
Pays Thaïlande
Nombre de locuteurs 66 millions
Typologie SVO, isolante, à tons
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Région géographique de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est ASEAN
Codes de langue
ISO 639-1 th
ISO 639-2 tha
ISO 639-3 tha
IETF th
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

เราทุกคนเกิดมาอย่างอิสระ เราทุกคนมีความคิดและความเข้าใจเป็นของเราเอง เราทุกคนควรได้รับการปฏิบัติในทางเดียวกัน.

Translittération :

Raw thuk khon kə̄t mā yāṅ isara raw thuk khon mī khwāmkhit læ khwām khawčai pen khɔ̄ṅ raw ēṅ raw thuk khon khwan dairâp kān patibāti nai thāṅ diyawkân.

Le thaï, plus anciennement appelé siamois ou Thai An Un (autonyme : ภาษาไทย, phasa thai, /pʰaː˧.saː˩˦.tʰɑj˧/), est une langue du groupe taï de la famille des langues taï-kadaï. Il compte environ soixante millions de locuteurs. C'est la langue officielle de la Thaïlande et la langue de la littérature thaïlandaise.

Histoire[modifier | modifier le code]

Classification[modifier | modifier le code]

Le thaï appartient au groupe taï de la branche dite kam-taï de la famille des langues taï-kadaï. Certains linguistes cherchent à rapprocher la famille tai-kadai de celle des langues austronésiennes, en s'appuyant sur un fond de vocabulaire commun relatif à l'agriculture et à l'élevage.

Les Thaïs siamois, qui vivent généralement dans le centre du pays et parlent le siamois, seraient entre 20 et 25 millions[réf. nécessaire] (environ 40 % de la population totale). Ce sont les Thaïs siamois qui dirigent le pays, qui ont défini la norme linguistique et imposé leur variété linguistique à l'ensemble du pays, notamment au gouvernement, en éducation et dans les médias écrits. Le thaï officiel correspond en effet au thaï siamois.

Plusieurs autres langues tai sont parlées en Thaïlande ; elles ne sont pas des dialectes du thaï mais des langues sœurs. Notamment :

  • les Thaïs du Nord-Est ou Isan, appelés aussi Lao-Thaïs, habitent dans quelque dix-sept provinces du Nord. On compte entre 15 et 23 millions[réf. nécessaire] de locuteurs parlant le thaï du Nord-Est ou isan ;
  • les Thaïs du Nord ou Muang, appelés également Yuan, sont concentrés dans les zones montagneuses du Nord. Au nombre de six millions[réf. nécessaire], ils parlent le thaï du Nord, appelé aussi lanna ou kham muang ;
  • les Thaïs du Sud, appelés aussi les Pak Tai, disséminés dans les 14 provinces du Sud sont cinq millions[réf. nécessaire]. On estime que 81 % d'entre eux[réf. nécessaire] s'expriment généralement en thaï du Sud.

D'un point de vue linguistique, les langues les plus directement apparentées au thaï siamois sont :

Le siamois forme avec ces langues le rameau dit chiang saeng des langues tai, du nom d'une localité située dans le Triangle d'or, près de la ville de Chiang Rai dans le nord de la Thaïlande.

Le thaï du Nord-Est ou isan est proche du lao, langue officielle du Laos. Avec deux autres langues de Thaïlande, le nyaw et le phuthai, le lao et le thaï isan forment le sous-groupe dit lao-phuthai. L'isan et le lao sont suffisamment proches pour que former un continuum linguistique de part et d'autre de la frontière entre les deux pays. En revanche, il n'y a pas intelligibilité mutuelle entre les locuteurs du thaï et ceux du thaï isan, a fortiori ceux du lao. En termes de typologie sociolinguistique, l'isan et le thaï sont donc des langues par distance (Abstand) tandis que l'isan et le lao sont plutôt des langues par élaboration (Ausbau).

Le thaï du Sud constitue une langue distincte, aussi bien du sous-groupe chiang saeng que du lao-phuthai.

Il en est de même d'une autre langue de Thaïlande, le yong.

Écriture[modifier | modifier le code]

Le thaï utilise un alphasyllabaire particulier dérivé de l'alphabet khmer issu de l'alphabet pâli, adapté pour pouvoir transcrire le système tonal de la langue :

  • il possède vingt consonnes, écrites avec quarante-quatre lettres, dont deux tombées en désuétude ;
  • il possède vingt-quatre voyelles, incluant des diphtongues et triphtongues, notées avec treize lettres (six voyelles courtes, cinq voyelles longues et deux signes de diphtongues particuliers) ;
  • le système tonal est gouverné par le choix des consonnes, qui sont divisées en trois groupes ; quatre accents permettent de corriger ce système et d'intégrer les mots étrangers difficiles à transcrire.

Le thaï s'écrit de gauche à droite, il n'y a pas de ponctuation, et plusieurs mots peuvent s'écrire collés. Les lettres ne sont pas liées. Il n'y a pas de majuscules.

Transcription[modifier | modifier le code]

Officiellement, il n'existe pas de standard pour transcrire le thaï en alphabet latin. Par exemple, le nom du précédent roi, Rama IX, a déjà été transcrit Bhumibol, Phumiphon ou encore phuuM miH phohnM[réf. souhaitée]. Les dictionnaires[Lesquels ?], les guides touristiques et les brochures peuvent avoir leur propre système de transcription. C'est une des raisons pour lesquelles de nombreux cours de thaï encouragent l'élève à maîtriser l'alphabet thaï.

Toutefois, l'Institut royal de Thaïlande (en) a publié le système général royal de transcription du thaï (RTGS)[1], de plus en plus utilisé dans l'administration thaïlandaise[citation nécessaire] notamment pour la signalisation routière. Cette transcription a néanmoins le principal défaut d'occulter le ton et la longueur des voyelles, rendant impossible la réécriture en alphabet thaï depuis une transcription RTGS.

Translittération[modifier | modifier le code]

L'Organisation internationale de normalisation a publié un standard international de translittération de l'alphabet thaï vers l'alphabet latin en (ISO 11940)[2]. Contrairement au RTGS, ce système est une véritable translittération car des symboles diacritiques indiquent le ton et la longueur des voyelles, ce qui permet de revenir du latin au thaï. Ce système est rarement utilisé en dehors du milieu universitaire[citation nécessaire].

Prononciation[modifier | modifier le code]

Voyelles[modifier | modifier le code]

Tableau des voyelles du thaï en symboles API
antérieure centrale postérieure
fermées i ɯ u
mi-fermées e ɤ o
mi-ouvertes ɛ ɔ
ouvertes a ɑ

Consonnes[modifier | modifier le code]

Tableau des consonnes du thaï en symboles API
bilabiales labiodentales alvéolaires post-alvéolaires palatales vélaires glottales
occlusives sourdes non-aspirées p t k ʔ
occlusives sourdes aspirées
occlusives sonores b d
affriquées (sourdes) ʨ
affriquées (sourdes) aspirées ʨʰ
fricatives (sourdes) f s h
nasales m n ŋ
latérales l
vibrantes (battue) r
spirantes j w

Tons[modifier | modifier le code]

Le thaï est une langue tonale qui compte cinq tonèmes : bas [˨˩], médian [˧], haut [˦˥], descendant [˥˩] et ascendant [˩˦].

Grammaire[modifier | modifier le code]

Du point de vue de la typologie linguistique, le thaï est une langue isolante : tous les mots sont et restent invariables. En conséquence, la morphologie est simple. Il n'y a pas d'articles, de genres, de pluriel ni de conjugaison. Ces fonctions sont remplies par des particules qui permettent de marquer le nombre, la classification des noms et les temps des verbes.

Lexique[modifier | modifier le code]

Le vocabulaire courant du thaï est surtout constitué d'un large lexique monosyllabique ou disyllabique. Il y a de nombreuses analogies avec les langues tonales des langues sino-tibétaines, ce qui est dû au long séjour des porteurs des langues taï-kadaï dans le Sud de la Chine :

  • สี่ [siː˨˩] « quatre », mandarin
  • ไม่ [mɑj˥˩] « ne pas », mandarin méi

Ce vocabulaire se constitue par juxtaposition de concepts simples :

  • noms : tu (armoire) + yen (froid) = tu-yen (réfrigérateur)
  • verbes : put (parler) + len (jouer) = put-len (plaisanter)

Le vocabulaire comprend également un large nombre d'emprunts aux langues sacrées de l'Inde (sanskrit et pāli), qui forment un ensemble très hétérogène au sein de cette langue, où la plupart des mots du fond lexical sont monosyllabiques ou disyllabiques :

  • ประเทศ [pra˨˩.tʰeːt˥˩] « pays » (cf. sanskrit pradeśa « contrée, endroit, place »)
  • มหาวิทยาลัย [ma˧.ha˩˦.wit˦˥.tʰa˦˥.jaː˧.lɑj˧] « université » (cf. sanskrit mahāvidyālaya « collège »)

Plus récemment, le thaï a fait des emprunts au chinois (exemples : ก๋วยเตี๋ยว - [kuɑj˦˥.tiɑw˩˦] « pâtes de riz », เจ๊ [t͡ɕeː˦˥] « sœur aînée » — mandarin jiě), qui se signalent souvent par une phonétique différente de celle des mots du fond lexical (notamment au niveau des tons). Il y a aussi nombreux emprunts aux langues européennes, surtout à l'anglais.

Exemples[modifier | modifier le code]

Mot Traduction Prononciation en API
terre โลก [loːk˥˩]
ciel ฟ้า [faː˦˥]
eau น้ำ [naːm˦˥]
feu ไฟ [fɑj˧]
homme ผู้ชาย [pʰuː˥˩.t͡ɕʰaːj˧]
femme ผู้หญิง [pʰuː˥˩.jiŋ˩˦]
manger กิน [kin˧]
boire ดื่ม [dɯːm˨˩]
grand ใหญ่ [jɑj˨˩]
petit เล็ก [lek˦˥]
nuit ค่ำ [kʰɑm˥˩]
jour วัน [wɑn˧]

Vocabulaire[modifier | modifier le code]

français thaï (translittération latine) mot-à-mot approximatif
Oui. tchaï ; khrap(m.) ; kha(f.)
Non. maï tchaï (au début de la phrase)
Bonjour, bonsoir. sawat dii khrap (venant d'un homme) sawat dii khaa (venant d'une femme)
Comment ça va ? sabaïdii reu plao aller bien - ou - pas ?
merci khoop khun khrap (venant d'un homme), khoop khun khaa (venat d'une femme)
je ; moi phom (locuteur masculin), ditchan (locuteur féminin), tchan (deux sexes)
tu ; toi ; vous (pluriel et/ou politesse) khoun.
copain / copine fènh
Est-ce que tu as un(e) petit(e) ami(e) ? khoun mii fènh reu plao tu - avoir - petit(e) ami(e) - ou - non ?
Oui, j’en ai. mii avoir
tchaï mii affirmation - avoir
Non, je n’en ai pas. maï mii négation - avoir
Comment t'appelles-tu ? khoun tcheu araï tu - s'appeler - comment ?
Quel âge as-tu ? khoun mii aïou thao raï tu - avoir - âge - combien ?
Auriez-vous une cigarette ? khoun mii bourii maï vous - avoir - cigarette - mot interrogatif
Je n'ai pas de cigarette. maï mii bourii. négation - avoir - cigarette
Où vas-tu ? khoun pai nai tu - aller - où ?
café noir cafè dam café - noir
les Français khon Farangsèd gens - France
As-tu faim ? hiu khao maï affamé - riz - mot interrogatif
As-tu soif ? hiu nam maï affamé - eau - mot interrogatif

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • ASSIMIL, Introduction au thaï, par Watana Noonpackdee Butori et Bernard G. Butori, (ISBN 2700520866)
  • Gilles Delouche, Méthode de thaï, volume 1, L'Asiathèque – Maison des langues du monde, collection « Langues – Inalco », 2009 (nouvelle édition révisée et actualisée).
  • Charles Degnau, Méthode de thaï, "Communiquer en thaï" [286 pages] [format A4] [Broché] (ISBN 978-616-348-247-1)