Fatima Zahra

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Fatimah
فَاطِمَة ٱلزَّهْرَاء
Az-Zahrāʾ
Description de cette image, également commentée ci-après
Calligraphie arabe de Fatima az-Zahra.
Titre complet
Naissance c. 604 - 615 EC
La Mecque
Décès Vers 632 EC
Sépulture Janna al-Baqî`
Nationalité Arabe, Banû Hâchim
Religion Islam
Ascendants
Conjoint
Descendants
Famille

Fatima Zahra (fāṭimah az-zahrāʾ, فَاطِمَة ٱلزَّهْرَاء[1]; zahra ou az-zahraʾa, ٱلزَّهْرَاء, la resplendissante) est la fille du prophète de l'islam Mahomet et de sa première femme Khadija, née à La Mecque à une date incertaine, en 604, 605[2], 609 ou 615 selon les sources[3], et morte à Médine vers 632.

Considérée par les musulmans comme al-Zahra, la brillante, il s'agit de l'un des personnages féminins les plus symboliques de la religion musulmane.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fatima est la fille de Mahomet et de sa femme Khadija. Elle est la seule de ses enfants à vivre encore après la mort de Mahomet[4]. Les sources sur sa date de naissance sont contradictoires. Il en est de même pour l'ordre des filles de Mahomet[5].

Elle serait partie, après l'Hégire, à Médine[5]. Elle s'est mariée avec Ali ibn Talib[5]. Elle est la seule des enfants de Mahomet à avoir eu une descendance viable et est restée peu présente dans les grands événements des débuts de l'islam[5]. La date de sa mort fait débat[5].

Dans le Coran[modifier | modifier le code]

Fatima n'est pas citée dans le Coran mais les exégètes ont interprété certains versets comme des références à elle ou à sa famille. C'est, en particulier le cas, des versets Q33:33 et Q3:61[4].

Le premier évoque les ahl al-bayt, traditionnellement compris comme désignant les membres de la famille de Mahomet, c'est à dire lui-même, Fatima, son époux et leurs enfants. Des débats existent sur le sens de cette expression puisqu'à l'inverse, selon 'Ikrima, ce terme désigne les femmes de Mahomet[4]. Le premier passage prend place dans une sourate probablement remaniée à l'époque califale. Pour Madelung, la sourate originelle aurait fait de Fatima l'héritière de Mahomet et Ali son exécuteur testamentaire, passage censuré par Umar[6].

Le second est associé à une opposition entre Mahomet et un groupe de chrétiens de Najran[4]. Citant cet épisode, Paul Ballanfat et Mohyddin Yahia écrivent : « Mahomet recourut lui-même, au nom d’Allah, à la mubâhala de type préislamique pour trancher le différend théologique qui l’opposait au christianisme »[7]

Postérité[modifier | modifier le code]

Fatima est la plus proche parente de Mahomet et l'islam shiite a, en particulier, développé toute une littérature dévotionnelle et hagiographique sur cette figure[4]. Des filles de Mahomet, elle est la seule vénérée par tous les musulmans et est la seule à posséder une aussi importante postérité[5].

Fatima a, en particulier, été associée à la figure de Marie, mère de Jésus. Ce lien repose sur une tradition exégétiques de Q3:42 et sur un hadiths dans lequel Mahomet listerait les meilleures femmes : Marie, la femme de Pharaon, Khadija et Fatima. La tradition shiites associe ces deux figures en raison de la douleur qu'elles ont endurée[4]. Cet aspect a été développé spirituellement par l'orientaliste Louis Massignon[4].

Approche historique[modifier | modifier le code]

Shoemaker résume ainsi la question de l'historicité des personnages des débuts de l'islam : « Ainsi est-il largement admis dans les études occidentales sur les origines de l'islam que quasiment rien de ce qui est rapporté par les sources musulmanes anciennes ne peut être considéré comme authentique, et que la plupart des éléments au sujet de Muhammad et de ses compagnons contenus dans ces récits doivent être considérés avec beaucoup de méfiance »[8]. La rédaction d'une biographie historique de Mahomet est impossible pour les spécialistes, qui voient dans la sira « une image idéalisée du Prophète à travers le regard des musulmans des VIIIe – Xe siècles »[9].

Fatima est peu présente dans les sources historiques et, augmentée avec le temps de qualités exceptionnelle, sa vie est devenue une légende[5]. « Les savants occidentaux, en revanche, se sont mis à chercher la vraie Fatima de la brume qui l'enveloppe » et des auteurs anciens comme Massignon et Lammens se sont opposés sur le sujet. Ainsi, pour Lammens, Fatima était historiquement une femme insignifiante tandis que pour Massignon, elle possédait des traits spirituels forts. « Mais il ne peut échapper aux objections de l'historien, qui considérera que l'auteur subordonne les faits aux croyances sur Fatima qui ne sont apparues que plus tard »[5].

Les recherches de Lammens ont, en revanche, permis de montrer « la nature tardive et artificielle des traditions musulmanes sur Muhammad et les débuts de l'islam »[10]. Ainsi, de nombreuses sources sur Fatima datent du IIe siècle de l'Hégire ou de plus tard[5].

Commémoration[modifier | modifier le code]

La commémoration de son décès s'appelle la Fatimiyya.

Point de vue sunnite[modifier | modifier le code]

Point de vue chiite[modifier | modifier le code]

Les chiites duodécimains commémorent le deuil de Fatima Zahra martyre pendant 20 jours chaque année.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ghita El Khayat-Bennai, Le Livre des prénoms du monde arabe, Casablanca, Eddif, , 247 p. (ISBN 978-2-908801-82-8, LCCN 96968779, lire en ligne), p. 51.
  2. (en) « Fatimah | daughter of Muhammad », Encyclopedia Britannica,‎ (lire en ligne, consulté le 22 mars 2017).
  3. « BIOGRAPHIE FATIMA », sur www.moncelon.fr (consulté le 22 mars 2017).
  4. a b c d e f et g « Fatima », Encyclopedia of Qur'an, vol. 2, p. 193.
  5. a b c d e f g h et i « Fatima », Encyclopedia of islam, vol. 2, p.841
  6. J. Van Reeth, « Sourate 33 », Le Coran des Historiens, vol 2b, 2019, p. 1129 et suiv.
  7. Paul Ballanfat, Mohyddin Yahia, « Ordalie », dans Mohammed Ali Amir-Moezzi (dir.),Dictionnaire du Coran, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007, p.  618-620.
  8. St. Shoemaker, « Les vies de Mahomet », Le Coran des Historiens, t.1. 2019, p.185 et suiv.
  9. Olivier Hanne, « Mahomet : une biographie à plusieurs lectures », Moyen-Orient, 2013, p.86-91.
  10. S. Shoemaker, « Les vies de Muhammad », Le Coran des Historiens, 2019, vol. 1, p. 183 et suiv.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Vacca, V. Fāṭima. Encyclopaedia of Islam Online. Éd. P.J. Bearman, Th. Bianquis, C.E. Bosworth, E. van Donzel and W.P. Heinrichs. Brill Academic Publishers. (ISSN 1573-3912).
  • Hassan Amin, Islamic Shi'ite Encyclopedia. Beirut: SLIM Press, 1968-73.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]