République démocratique d'Afghanistan

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République démocratique d'Afghanistan[1]
(prs) جمهوری دمکراتی افغانستان
Jumhūri-ye Dimukrātī-ye Afġānistān

(ps) دافغانستان دمکراتی جمهوریت
Dǝ Afġānistān Dimukratī Jumhūriyat

 – 
(13 ans, 11 mois et 29 jours)

Drapeau
Drapeau de la république démocratique d'Afghanistan (1980 – 1987).
Blason
Emblème de la république démocratique d'Afghanistan (1980 – 1987).
Hymne Garam shah lā garam shah (en)
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de la république démocratique d'Afghanistan (en rouge).
Informations générales
Statut République.
État communiste à parti unique (de 1978 à 1987).
Capitale Kaboul
Langue(s) Dari
Pashto
Religion Athéisme d'État (1978 – 1987)
Islam d'État (1987 – 1992)
Monnaie Afghani
Superficie
Superficie 647 500 km2
Histoire et événements
Révolution de Saur.
Établissement de la république démocratique d'Afghanistan.
Intervention soviétique.
Novembre 1987 Nouvelle constitution, abandon de l'adjectif démocratique.
Retrait soviétique d'Afghanistan.
Avril 1992 Chute du régime.
Président du Conseil révolutionnaire
Nour Mohammad Taraki
Hafizullah Amin
Babrak Karmal
Mohammad Chamkani
Mohammed Najibullah
Président de la République
Mohammed Najibullah
Président du conseil des ministres
(1e) Nour Mohammad Taraki
(De) Fazal Haq Khaliqyar (en)
Parlement
Parlement monocaméral Conseil révolutionnaire (en)

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La république démocratique d'Afghanistan était de 1978 à 1987 le nom officiel de l'Afghanistan, alors dirigé par le gouvernement communiste du Parti démocratique populaire d'Afghanistan. Elle succède à la république d'Afghanistan (1973-1978) dirigée par le président Mohammad Daoud Khan et commence par une révolution communiste suivie de répressions et d'une guerre civile qui dure jusqu'à l'effondrement du régime en 1992 et la victoire des moudjahidines. Jusqu'en 1989, le régime est dépendant de l'Union soviétique économiquement comme militairement.

De 1987 à 1992, le régime porte le nom de République d'Afghanistan.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le révolution de 1978[modifier | modifier le code]

Premier drapeau, adopté en 1978.

Le , Mir Akbar Khyber, membre éminent du Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA) aurait, dit-on, été assassiné par le gouvernement du président Mohammed Daoud Khan. Après les funérailles de Khyber, de nombreux membres du PDPA, dont Nour Mohammad Taraki, Babrak Karmal et Hafizullah Amin, sont arrêtés. Beaucoup d'officiers de l'aile militaire du PDPA, toutefois, réussissent à rester en liberté et à s'organiser.

Le , le Parti démocratique populaire d'Afghanistan, dirigé par Nur Mohammad Taraki, Babrak Karmal et Hafizullah Amin renversa le régime de Mohammad Daoud. Dans la matinée du , Mohammed Daoud et sa famille furent exécutés. Le soulèvement est connu comme la « grande révolution de Saur » (« Saur », se référant au mois « d'avril » dans le calendrier persan). Le 1er mai, Taraki devint président, Premier ministre et secrétaire général du PDPA. Le pays fut alors rebaptisé république démocratique d'Afghanistan. Ce régime contrôlé par le PDPA se maintint, sous une forme ou une autre, jusqu'en .

Historique du coup d'État[modifier | modifier le code]

Dernier drapeau, adopté en 1987.
Le jour suivant la révolution de Saur.

La relative démocratisation de l'éducation avait permis à de nouvelles couches sociales d'accéder à l'Université, mais, contairement à l'élite qui était sûre de trouver un emploi à la fin des études, ces nouveaux diplômés étaient rélégués à des emplois subalternes ou réduits au chômage. Cette dichotomie se retrouve dans l'organisation du PDPA. En effet, en 1967, deux ans après sa fondation, le PDPA se divisa en plusieurs factions. Dix ans plus tard, les efforts de l'Union soviétique réunirent la faction Khalq (le Peuple) de Taraki, de culture pashtoune, et la faction Parcham (le Drapeau) de Babrak Karmal, de culture tadjik, persanophone, issue de l'élite[2]. La faction khalqi était sectaire, partisane d'une rupture radicale, tandis que la faction parchami était plus modérée[3]. La révolution de Saur a été presque entièrement la réalisation de la faction Khalq du PDPA. Ce succès lui a donné un contrôle effectif sur les forces armées, un grand avantage sur son rival Parchami. . La victoire Khalq était due en partie à une erreur de calcul de Daoud qui percevait en la faction Parcham la menace la plus grave. Les dirigeants Parcham jouissaient de relations étendues parmi les hauts fonctionnaires, dans la famille royale et dans l'élite la plus privilégiée. Ces liens permettaient également de suivre leurs mouvements plus facilement.

La faction Khalq, de plus, n'avait pas été impliquée dans le gouvernement Daoud, avait peu de liens avec l'élite de Kaboul parlant persan, et une réputation de rusticité due au recrutement des étudiants de province. La plupart d'entre eux étaient Pachtounes, en particulier les Ghilzais. Ils étaient peu liés avec la haute bureaucratie, et beaucoup exerçaient des emplois d'enseignants scolaires. L'influence Khalq à l'Université de Kaboul était également limitée.

Ces nouveaux venus à Kaboul avaient semblé mal placés pour pénétrer dans le gouvernement. En outre, ils étaient conduits par l'erratique Taraki Mohammed, un poète, petit fonctionnaire, et radical de notoriété publique. Persuadé que ses officiers militaires étaient fiables, Daoud avait méjugé la diligence du lieutenant de Taraki, Hafizullah Amin, qui avait cherché les officiers pachtounes dissidents. Le cafouillage de l'arrestation d'Amin, qui lui a permis de déclencher le coup en avance sur la date prévue, suggère également la pénétration Khalq de la police de sécurité Daoud.

Les organisateurs du coup d'État avait procédé à un plan audacieux et sophistiqué. Il employait l'effet de choc d'un assaut combiné de blindés et de l'air sur le palais Argor, le siège du gouvernement très centralisé de Daoud. L'initiative démoralisa les forces fidèles ou non engagées à proximité. La rapide capture des télécommunications, du ministère de la Défense et d'autres centres stratégiques isola la garde du palais de Daoud qui résistait obstinément.

Le coup d'État a été de loin la réalisation la plus réussie du Khalq. Tant et si bien, qu'une littérature considérable s'est accumulée en faisant valoir que celui-ci doit avoir été planifié et exécuté par le KGB, ou une branche spéciale de l'armée soviétique. Étant donné les tensions qui se sont vite instaurées entre Khalq et des fonctionnaires soviétiques, en particulier au cours de la purge du Parcham, le contrôle soviétique sur le putsch semble peu probable, ni même sa connaissance préalable. Les allégations selon lesquelles les pilotes soviétiques auraient bombardé le palais oublient la disponibilité de pilotes chevronnés afghans. Au contraire, les responsables soviétiques et le KGB semblent avoir été pris de court par cette action soudaine, et considéraient l'Afghanistan très insuffisamment préparée à adopter une politique communiste.

Le leadership politique de la république démocratique d'Afghanistan a été affirmé dans les trois jours du coup d'État militaire. Après treize ans d'activité conspiratrice, les deux factions du PDPA ont émergé au grand public, en refusant au premier abord, d'admettre leurs titres marxistes. La domination Khalq a été rapidement évidente. Taraki est devenu président, Premier ministre et Secrétaire Général du PDPA, Hafizullah Amin vice-premier ministre. Le leader du Parcham, Babrak Karmal a également été nommé vice-Premier ministre. Les membres du Cabinet étaient divisés en deux, onze d'une part et dix de l'autre, avec Khalq dans la majorité. Khalq dominait le Conseil révolutionnaire qui devait servir d'organe dirigeant du gouvernement. En quelques semaines, des purges de Parcham commencèrent et vers l'été, quelque peu désorientés, les dirigeants soviétiques prirent conscience qu'il serait difficile de tempérer le radicalisme de la faction Khalq.

Répressions et guerre civile[modifier | modifier le code]

Situation politique de l'Afghanistan en 1989 durant la guerre civile.

Entre mille et trois mille personnes furent tuées durant le coup d’État communiste de 1978, incluant le président Mohammad Daoud Khan et dix-sept membres de sa famille. De nombreuses personnes dont beaucoup de membres de la famille royale furent jetées en prison. Nour Mohammad Taraki fut nommé président du conseil révolutionnaire et premier ministre, tandis que Babrak Karmal, leader du parti communiste Parcham - le drapeau - dominé par les Tadjiks, devenait vice-premier ministre et Hafizullah Amin ministre des Affaires étrangères. Les syndicats sont légalisés et les prisonniers politiques du régime précédent libérés.

Babrak Karmal avait soutenu le coup d’État de Daoud en 1973. En 1977 le Parcham se joignit au Khalq (en) - le Peuple -, autre faction communiste née dans les années 1960, mais formé essentiellement de Pashtounes. Petit à petit, Karmal et les autres parchamis furent exilés et le , Hafizullah Amin devint premier ministre avec Taraki dans le rôle de second. L’épuration fut sanglante. Des milliers de communistes du Parcham furent tués ou emprisonnés. Pendant ce temps, la révolte gagnait le pays. La première révolte eut lieu dans la province de Kunar dans le Nouristan en 1978. Avant l’arrivée des Soviétiques, 400 000 réfugiés avaient déjà rejoint le Pakistan (dont les Kirghizes du Wakhan) et 60 000, l’Iran. l'enlèvement et la mort de ambassadeur américain Adolph Dubs le ruine totalement les relations avec les États-Unis[4].

En septembre 1979, Taraki fut tué par Amin, qui prit tous les pouvoirs, ce qui allait à l’encontre des plans soviétiques, qui décidèrent d’envahir l’Afghanistan, ce qu’ils firent le , et remirent Babrak Karmal au pouvoir. Hafizullah Amin fut tué par les spetsnaz dans les brefs combats pour la prise du pouvoir à Kaboul. Le régime communiste afghan dut affronter les assauts des Moudjahidines, ce qui le conduisit à faire appel à l'aide de l'URSS. La guerre de 1979 à 1989 aboutit finalement au retrait soviétique, sans que la pérennité du régime afghan ait été garantie. La république démocratique d'Afghanistan parvint encore à résister trois ans aux Moudjahidines avant de tomber en 1992.

Politique[modifier | modifier le code]

Liste des présidents de la république démocratique d'Afghanistan[modifier | modifier le code]

Éducation et droits des femmes[modifier | modifier le code]

Le gouvernement entreprend de réformer ou d'abolir certaines pratiques traditionnelles de natures féodales : les mariages forcés et la dot sont interdits, l'âge minimum légal pour le mariage est rehaussée[5] et l'école est rendue obligatoire pour les filles[6]. Les femmes obtiennent par ailleurs le droit de ne pas porter le voile, de circuler librement et de conduire. Un projet de légalisation du divorce est rédigé mais n'est finalement pas instauré pour ne pas encourager les insurrections conservatrices. Très optimistes, les dirigeants communistes envisageaient d’éliminer l’analphabétisme en cinq ans[7]. En 1988, les femmes représentaient 40 % des médecins et 60 % des enseignants à l'Université de Kaboul.

Religion[modifier | modifier le code]

Après la révolution de Saur, le pays a adopté un athéisme d'État respectant la liberté de religion, bien que la pratique religieuse soit limitée. Le pays étant traditionnellement musulman, le régime communiste proclame en 1987 que l'islam est la religion d'État, ce qui fait de l'Afghanistan, l'un des rares état communiste ayant eu une religion d'État, avec la Somalie.

Économie[modifier | modifier le code]

Croissance économique
Indicateurs 1978 1979 1980 1981 1982 1986 1988
Dépenses Total (millions d'afghanis) 26 397 30 173 31 692 40 751 42 112 88 700 129 900
Ordinaires (en %) 47 56 62 66 69 74 84
Développement (en %) 53 44 38 34 31 26 16
Sources de finances Recettes intérieures en excluant le gaz naturel (en %) 54 40 50 40 37 31 24
Ventes de gaz naturel (en %) 9 13 33 34 34 17 6
Aides étrangères (en %) 34 36 28 26 28 29 26
Recettes rentières (en %) 43 48 61 59 62 48 32
Emprunts nationaux (en %) 4 12 –11 1 0 23 44

Le gouvernement de Taraki lance une réforme agraire le visant à limiter la quantité de terre qu'une famille pouvait posséder. Celles dont les exploitations dépassaient la limite ont vu leurs biens réquisitionnés par le gouvernement, sans indemnisation. Le gouvernement afghan pensait gagner l'approbation populaire parmi la population rurale tout en affaiblissant le pouvoir de la bourgeoisie. À la mi-1979, le gouvernement affirme que 665 000 hectares de terre ont été redistribués et a également déclaré que seulement 40 000 familles, soit 4 % de la population, ont été négativement affectées par la réforme agraire.

Contrairement aux attentes du gouvernement la réforme ne se révéla ni populaire, ni productive. Les récoltes agricoles ont chuté et la réforme elle-même conduisit à la montée du mécontentement parmi les Afghans. Lorsque Taraki réalisera le degré d'insatisfaction populaire vis-à-vis de la réforme, il abandonnera rapidement cette politique. Cependant, la réforme agraire a été progressivement remise en place sous l'administration de Karmal plus tard, bien que la proportion de la superficie touchée par la réforme ne soit pas claire.

Pendant la guerre civile et l'invasion soviétique qui s'en est suivie, la plupart des infrastructures du pays ont été détruites et l'activité économique a été fortement perturbée. Le produit national brut (PNB) a chuté considérablement en raison du conflit. En 1981, le PIB afghan s'élève à 154 300 000 000 afghanis afghanes, soit une baisse de 159,7 milliards par rapport à 1978. Le RNB par habitant est passé de 7 370 en 1978 à 6 852 dollars en 1981. La forme la plus dominante de l'activité économique a été le secteur agricole. L'agriculture représentait 63 % du produit intérieur brut (PIB) en 1981 ; 56 % de la population active travaillait dans l'agriculture en 1982. L'industrie représentait 21 % du PIB en 1982 et employait 10 % de la population active. Toutes les entreprises industrielles étaient nationalisées. Le secteur des services, le plus petit des trois, représentait 10 % PIB en 1981 et employait un tiers environ de la population active. La balance des paiements, qui s'était améliorée sous l'administration pré-communiste de Mohammed Daoud Khan, a diminué et l'excédent est devenu un déficit en 1982, pour atteindre un peu moins de 70,3 millions de dollars américains. La seule activité économique qui a considérablement augmenté sous l'administration de Karmal était le commerce extérieur.

Nadjibullah a poursuivi les politiques économiques de Karmal. L'augmentation des liens avec le bloc de l'Est et l'Union soviétique a continué, tout comme le commerce bilatéral. Il a également encouragé le développement du secteur privé dans l'industrie. Le plan de développement économique et social quinquennal, introduit en , a continué jusqu'au mois de , un mois avant la chute du gouvernement communiste. Selon le plan, l'économie, qui a augmenté de moins de 2 % par an jusqu'en 1985, devait augmenter de 25 %. L'industrie devrait croître de 28 %, l'agriculture de 14-16 %, le commerce intérieur de 150 % et le commerce extérieur de 15 %. Comme prévu, aucun de ces objectifs n'a été atteint et le 2 % de croissance annuelle, qui avait été la norme avant le plan, a continué sous Nadjibullah. La Constitution de 1990 a donné une attention particulière au secteur privé. L'article 20 portait sur la création d'entreprises privées et l'article 25 encourageait les investissements étrangers dans le secteur privé.

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Democratic Republic of Afghanistan » (voir la liste des auteurs).
  1. Nom officiel jusqu'en 1987.
  2. Gérard Chaliand, Rapport sur la Résistance Afghane, Paris, Berger-Levrault, , 160 p., P.59-60
  3. Emmanuel Huyghues Despointes, Les Grandes Dates de l'Occident, Paris, Dualpha Editions, , 394 p., P.177
  4. (en) « 40 Years On, Mystery Still Surrounds Shooting Death Of U.S. Ambassador To Afghanistan », sur Radio Free Europe, (consulté le 6 janvier 2020).
  5. (en) United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld | Women in Afghanistan: Pawns in men's power struggles », Refworld,‎ (lire en ligne, consulté le 15 mai 2017)
  6. Olivier Thomas, « Afghanistan, le tournant », L'Histoire, no 405,‎ , p. 26 (lire en ligne).
  7. « Retour sur l’expérience communiste en Afghanistan », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]