Retenue collinaire
Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
Les retenues collinaires sont des ouvrages de stockage de l'eau qui sont remplies par les eaux de surface, les eaux de ruissellement. Au niveau réglementaire, elles sont considérées comme des barrages.
Description[modifier | modifier le code]
L'ouvrage, constitué d'une digue en terre ou maçonnée permet de retenir l'eau dans un talweg, une combe, un ravin, un vallon et de stocker une part des écoulements d'eaux. Ces eaux sont utilisées ensuite dans les domaines de l'irrigation agricole, les prélèvements des industries, la protection incendie, la production de neige de culture, les loisirs, la pisciculture et l’eau potable.
Certaines retenues collinaires sont appelées « bassines », c'est-à-dire qu'elles sont composées de quatre remblais formant une bassine avec une bâche pour étancher la retenue. Elles sont remplies par pompage dans la nappe phréatique, théoriquement en période de « hautes eaux ».
Il existe en France de nombreux petits barrages, mais le volume d'eau stocké peut atteindre plusieurs millions de mètres cubes et la longueur du barrage peut faire plusieurs centaines de mètres : c'est le cas du barrage de la Gimone, localisé entre les départements du Gers et de la Haute-Garonne.
Controverses[modifier | modifier le code]
Ces barrages, ou les bassines encouragées par la FNSEA et le Ministère de l'Agriculture, sont supposés accroître les ressources en eau disponibles en période sèche, mais des études récentes ont montré que l'évaporation sur les lacs de l’Ouest américain représente une perte de 20 à 60 % des flux entrants[1]. Au lieu de lutter contre le ruissellement et favoriser l'infiltration par une rebocagisation du paysage par exemple, stocker ainsi le surplus d'eau hivernal implique que cette eau ne s’infiltre pas dans les sols. En la pompant dans la nappe pour alimenter les bassines beaucoup de cette eau est perdue par évaporation, surtout par fortes chaleurs quand les sols en auraient le plus besoin[1],[2].
Pour ces raisons, selon Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS, les bassines sont « non-sens écologique », car « 6 % seulement des surfaces agricoles sont irriguées ! » et « elles bloquent le passage vers une agriculture responsable, résiliente, économe en eau »[1] ; en outre, construire des bassines n'aide que des agriculteurs qui bénéficient de systèmes d’irrigation. Dans les années 1970 surtout, les remembrements ont encouragé la destruction des haies, talus, fossés, mares et petites zones humides et le drainage agricole, au profit d'une agriculture industrielle, laquelle a contribué à l'érosion et dégradation des sols, et notamment à une perte des complexes argilo)humiques qui leur permettaient de mieux stocker l'eau. L'irrigation ne concernent en outre actuellement qu'environ 6 % des sols cultivés de France fait remarquer Christian Amblard, qui estime qu'il serait plus rentable et efficace de développer l'agrosylviculture et de restaurer le bocage et des sols riches en matière organique, capables de stocker de grandes quantité d'eau, tout en utilisant des races, variétés, ou cultivars moins gourmands en eau[1].
Des études ont aussi montré que conserver ou restaurer des méandres et des embâcles naturels, et accepter (dans l'aire de répartition du Castor européen ou américain) des barrages de castors sur les petits cours d'eau permet de freiner l'eau dans son parcours vers la mer, au profit de l'environnement.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- « Les retenues d'eau aggravent la sécheresse, et la vulnérabilité de l’agriculture ; Entretien avec Christian Amblard », Reporterre, (lire en ligne, consulté le 21 septembre 2020)
- « Reporterre sur France Inter : les retenues collinaires dégradent les montagnes », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le 29 avril 2021)
